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BERRY

Brandelons fumelles !
Les beugnons sont pas cheux nous,
Y sont cheux les moines,
Ben frits dans la poêle.

J’ons brandonné tous nos blés,
Y faut nous en artorner.
Pour ça c’que j’avons d’gangné.


CHANSON DE MARIÉE

Chante, chante, jeune fille,
Jeune fille à marier !
— Comment v’lez-vous que je chante ?
J’ai le cœur trop désolé.

On m’dit qu’tu vas à la guerre,
À la guerr’servir le Roi.
— Les ceux qui l’ont dit, la belle,
Ont ben dit la vérité ;
Mon chevau à l’écurie
Est sellé et tout bridé.

— Quand tu s’ras d’ssus ceux montagnes,
Pas à ta bell’tu pens’ras ;
Tu pens’ras à ceux Flamandes
Qui sont pus jolies que moué.
— J’y ferai fair’ton image
A l’arsemblance de toué.

J’y ferai fair’ton image,
Cent fois du jour je l’big’rai.
— Queuqu’diront tes camarades
Quant t’verront biger c’papier ?
— J’dirains qu’c’est ma bonne amie,
Ma maitresse du temps passé.

J’ai tan ploré, versé d’larmes
Trois ruisseaux en ont coulé,
Petits ruisseaux, grand’rivière,
Trois moulins en ont tourné.

(Poésies popul. de la France,
Biblioth. nat., ms. fr. n. d. 3342.)