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LES POÈTES DU TERROIR

démie lui ouvrirait ses portes, mais celle-ci fît la sourde oreille. Ils’en vengea en laissant circuler cette épigramme, empruntée à un mot de l’abbé de Voisenon :

J’aime mieux — ce n’est faux fuyant subtil —
Qu’on dise de moi, d’une voix amie :
Pourquoi n’est-il pas de l’Académie ?
Que si l’on disait : Comment en est-il ?

Émile Deschamps a très rarement célébré son pays.

Bibliographie.. — H. Blaze, MM. E. et A. Deschamps ; Revue des Deux Mondes, 1841, III, p. 541-573. — Taphanel, Notice sur E. Deschamps ; Paris, 1872. — Ch. Asselineau, Bibliogr. romantique ; Paris, Rouquette, 1874, in-8o. — E. Bazin, Em. Deschamps ; Paris, Sauton, 1874, in-8o, etc.


MELODIE SUR LE BERRY. — RETOUR
AU TOIT NATAL


Après tant de pleurs et d’années
Je vous reviens, chère maison !
Demeures jadis fortunées,
Berceau de ma jeune saison !
Tout au fond voici bien la chambre
Où, dans l’ombre, ma grande sœur
M’endormait, quand neigeait décembre,
Par ses chants si pleins de douceur.

Je crois, en ouvrant cette chambre.
Entendre la voix de ma sœur !

Conduit par l’ancienne habitude
Avec mes regrets éternels,
J’arrive à la salle d’étude,
Foyer des travaux paternels.
Murs chéris ! c’est là que mon père
Pleura tant et fut si joyeux,
Quand je vins, en habit de guerre,
De ma croix lui charmer les yeux.

Ces murs font revivre mon père,
Mon père pleurant et joyeux !