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LES POÈTES DU TERROIR

HENRI BAUDE

(1430- ?)


« Henri Baude, né à Moulins vers 1430, s’attacha de bonne heure à la cour ; lorsque le Dauphin, qui fut plus tard Louis XI, se sépara de son père, Baude se tourna vers le soleil levant et accompagna en Dauphiné le fils insoumis ; mais, le voyant si avant dans la disgrâce du roi qu’il fallait attendre trop longtemps pour en avoir quelque chose, en bon ami de cour, il planta là le maître futur pour se rattacher au maître présent. Charles VII le récompensa, en 1458, par un office d’élu des aides dans le bas Limousin. Baude prenait cela pour l’aurore de sa fortune, mais il en resta là ; le Dauphin, devenu roi, ne se souvint pas assez de lui pour se venger, mais il fit toujours la sourde oreille à ses demandes, et c’est sous Charles VIII seulement que nous retrouvons la trace de notre poète. Nous savons qu’il fut alors en proie à des tribulations de tout genre, qui lui valurent la prison comme à Villon, mais pour des causes plus avouables. Jeté dans un cul de basse fosse par les gens du grand bâtard de Bourgogne, contre lequel il était allé verbaliser, il fut délivré par la justice ; puis, pendant qu’il poursuivait au criminel les gens qui l’avaient malmené, il eut le malheur de faire représenter à Paris, par les clercs de la basoche, sur la table de marbre du Palais, avec la permission du parlement et au grand applaudissement du populaire, une moralité politique très favorable au roi, mais très vive contre la cour ; l’occasion était belle pour ses ennemis, qui le firent mettre sous les verrous une seconde fois. Baude s’en tira à la fin, mais avec peine, et grâce à la protection du vieux duc de Bourbon[1]. »

Il mourut laissant une grande réputation comme poète, peu après l’année 1490.

Ce sont toutes ses aventures qui remplissent une partie de ses poésies. Quelques-uns de ses vers, composés à la louange du Bourbonnais, ont été introduits pour la première fois dans une description topographique qui figure a l’appendice de l’Ancien Bourbonnais d’Achille Allier. Par la suite, M. J. Quicherat

  1. Anatole de Montaiglon, Henri Baude.