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BOURBONNAIS

en a recueilli un grand nombre dans les manuscrits de notre Bibliothèque Nationale et en a fait l’objet d’intéressantes publications, entre autres un petit volume in-12, Les Vers de maître Henri Baude, poète du quinzième siècle, etc., avec les actes qui concernent sa vie, imprimé en 1856, à Paris, par l’éditeur Aug. Aubry. On a rapproché l’art de Baude de celui de Villon. Tous deux sont d’une même école ; selon l’expression même de son éditeur, ils ont préféré le sel gaulois à la magnificence des poètes flamands. « Chez Baude, ajouterons-nous avec Montaiglon, rien de pédant ni de théologique, rien d’allégorique a l’excès ; il est vivant, comique, incisif, et le mordant de son observation se traduit dans des vers qui, en général, ne sont jamais délayés ni amphigouriques. Comme Villon, dont il ne possède pas néanmoins toute la puissance et l’âpreté douloureuse, ce qu’il emploie d’éléments individuels devient universel sous sa plume. Il n’est pas d’allusion à sa ville natale qui ne contienne la preuve de ce que nous avauijous ici. Par sa langue, par ses dons de peintre, par sa destinée, il a élargi le domaine de sa petite patrie…

Bibliographie. — Anatole de Montaiglon, Henri Baude, notice publiée dans Les Poètes français d’Eugène Crépet, I, Paris, Gide, 11861, in-8o. — J. Quicherat, Notice sur Henri Baude ; édit. des Vers de maître Henri Baude, etc. ; Paris, Aubry, 1856, in-12.



LECTRES DE BAUDE
envoyées à monseigneur de bourbon, connestable
de france


Baude, très puissant et très hault
Et mon très redoubté seigneur,
S’esbaudit, car le faict le vault
Et le repute à grand honneur,
D’estre né, prince de valeur,
De vostre pays tant courtois,
Au fin cueur, qui est le meilleur
Et le chef de tout Bourbonnois.

Deux raisons y a principalles
Qui le meuvent a ce vouloir
L’une, les grans vertuz réalles
De vous, avec le grant vouloir.