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Page:Van Bever - Les Poètes du terroir, t1, Delagrave.djvu/248

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LES POÈTES DU TERROIR

Ô source claire et froide,
Qu’ombrageait le tronc roide
D’un noyer vigoureux
À moitié creux !

Sources ! fraîches fontaines !
Qui, douces à mes peines,
Frémissiez autrefois
Rien qu’à ma voix !

Bassin où les laveuses
Tendaient, silencieuses,
Sur un rameau tremblant
Le linge blanc !

Ô sorbier centenaire,
Dont trois coups de tonnerre
N’avaient pas abattu
Le front chenu !

Tonnelles et coudrettes,
Verdoyantes retraites
De peupliers mouvants
À tous les vents !

Ô vignes purpurines.
Dont, le long des collines,
Les ceps accumulés
Ployaient gonflés ;

Où, l’automne venue,
La Vendange mi-nue
A l’en tour du pressoir
Dansait le soir !

Ô buissons d’églantines.
Jetant dans les ravines,
Comme un chêne le gland.
Leur fruit sanglant !

Murmurante oseraie,
Où le ramier s’effraie,
Saule au feuillage bleu,
Lointains en feu !

Rameaux lourds de cerises !
Moissonneuses surprises