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BOURGOGNE

PIERRE GROGNET

(?-1540)

Il s’appelait Grognet, et non Grosnet ou Gromet, ainsi que le crurent divers biographes. Lui-même nous en fournit la preuve par ces vers : En mon nom je suis nomme Pierre… On doit inter prêter Grognet, etc.

Contemporain et sans doute ami de Roger de Collerye, il était né à Toucy, petite ville du diocèse d’Auxerre, et, comme ce dernier, appartenait aux ordres ecclésiastiques. Dans sa jeunesse, il avait acquis la connaissance du droit, a Orléans d’abord, puis à Bourges. Il ne laissa pas de s’en flatter en diverses circonstances, mêlant tout à la fois au style de ses épitres ses qualités de « maître es arts », de « licencié en chascun droit », et celles plus édiliantes de « prêtre et humble chapelain ». Ou ignore le détail de sa vie, mais l’on sait qu’il mourut en 1540, laissant une œuvre singulière. Ses ouvrages ont été décrits par les bibliothécaires La Croix du Maine et du Verdier, ainsi que par l’abbé Goujet. Ils consistent en divers recueils poétiques ou autres, parmi lesquels nous signalerons : La Louange des femmes, dédiée à la reine Aliéner ; Bonnes Doctrines pour les filles, etc. ; Le Manuel des vertus morales et intellectuelles, dont l’original latin, dédié à Antoine du Parc, a paru sous le titre d’Enchiridion, en 1538, et une traduction des Mots dorez du grand et saige Caton, qui eut l’honneur d’être réimprimé plusieurs fois. Le plus intéressant de ces ouvrages, du moins celui qui a droit de cité ici, est sans nul doute le Second Volume des mots dorez du grand et saige Caton, etc., que Grognet fit paraître chez Jehan Longis et Pierre Sergent, le 28 mars 1533. Indépendamment des matières curieuses qu’il ollre sous la rubrique de « très utiles adaiges, authoritez et dicts moraux des saiges profitables à ung chascun », on y trouve la « Louange et Description de plusieurs bonnes villes du royaume de France ». Nous en avons extrait quelques fragments savoureux, touchant d’anciennes cités bourguignonnes.

Pierre Grognet est un des derniers représentants de la poésie du moyen âge. Il parait s’être inspiré de Villon et de Roger de Collerye, mais son vers, lourd et sentencieux, ne rappelle ni la puissance tragique du premier ni la bonhomie du second.