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LES POÈTES DU TERROIR

Plus ne feray rondeaulx ne virelay,
Se autrement le cueur ne me revient.
A dieu vous dy, se mourir me convient.

A dieu, a dieu, mes parens, mes amys,
Oncles, tantes, nepveux, cousins, cousines,
A dieu vous dy a grans et a petis,
A dieu, voisins et toutes mes voisines,
A dieu, varletz, et a dieu, mes machines,
Mourir me fault se la mort ne s’abstient.
A dieu vous dy, se mourir me convient.

A Nicolas, mon sosson de prison,
Désiré Marc s’il vous plaist vous direz
A mes amys sans nulle mesprison
De mon estai quant vous vous en yrez,
Car bien compter certes vous le sçaurez.
Mon fait scavez comment il se contient.
A dieu vous dy, se mourir me convient.

A dieu, mon maistre nommé Pierre du Puis,
A dieu [ma] dame[1] et trestout le mesnage,
Je vous supply si fort comme je puis
Qu’il vous plaise a faire mon message
Aux prisonniers qui sont en ce tourage,
Qu’ils prient pour moy se la mort s’y maintient.
A dieu vous dy, se mourir me convient.

A dieu vous dy, Beauvais et Beauvoisin,
Et à tous ceulx qui y font leur demeure.
Je doubte moult que soye vostre voisin,
Car avec vous convient que je demeure.
La mort me fait le cueur plus noir que meure.
Elle me tue se joye ne parvient.
A dieu vous dy, se mourir me convient.

(Les Fortunes et Adversitez de feu noble homme Jehan Régnier, 1867.)
  1. Le texte porte : no dame.