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LES POÈTES DU TERROIR

II


D’avoir passé les monts pour courir l’Italie,
Turin, il te doit estre ores un grand tourment.
Ores il me doit estre un grand soulagement.
Tu avais à Dijon une parfaite amye,

Et j’avois dedans Dole une fière ennemie ;
La tienne d’un doux œil te traitoit doucement,
La mienne d’un rude œil me traitoit durement,
Ne me paissant jamais que de mélancolie.

Tu as laissé ton heur pour estre malheureux,
J’ay laissé mon malheur pour estre bien heureux :
Je plorois dans Bourgongne, et je ris dans Padoue,

Tu riois dans Bourgongne, et dans Padoue estant
Tu vas chez Bartholin tes amours regrettant.
Yoylà comment de nous ce petit dieu se joue.

(Œuvres, etc. ; 1579.)