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BOURGOGNE

ESTIENNE TABOUROT

(1547-1590)


Plus connu sous le surnom de « Seigneur des Accords » qu’il s’était donné, Estiennc Tabourot naquit à Dijon en 1547. Il était fils aîné de Guillaume Tabourot, célèbre avocat au parlement de Bourgogne et maître des comptes, et de Bernarde Thierry, son épouse. Il exerça premièrement la profession d’avocat et fut ensuite procureur du roi au bailliage et chancellerie de sa ville natale. « C’estoit un homme sçavant, écrit Guillaume Colletet, agréable, facétieux et plein de feu, comme ses œuvres diverses, qui sont les vivantes images de son âme, le tesmoignent clairement et le tesmoigneront encore à la postérité. Il faisoit des vers latins et françois dont l’air et la pureté faisoient connoître la subtile vivacité de son esprit. » Et Bayle ajoute : « Il avait beaucoup d’érudition, mais il donna trop dans la bagatelle. » Il mourut en 1590, laissant une œuvre originale et plaisante qui a été diversement interprétée par les critiques. Ses meilleurs ouvrages sont : Les Bigarrures du seigneur des Accords (Paris, Richer, 1583 et 1584, in-12), réimprimées de nombreuses fois et successivement augmentées des Touches, des Escraignes dijonnoises et des Apophtegnes du sieur Gaulard, gentilhomme de la Franche-Comté bourgingnotte (Paris, Richer, 1585, in-16 ; 1588, 1595, 1612 et 1615, in-16). Il en a été fait récemment, à Bruxelles, une réimpression par les soins de Mertens et fils (Les Touches, etc., 1863, 5 parties en un vol. in-12 ; Les Bigarrures, etc., avec les Apophtegmes du sieur Gaulard et les Escraignes dijonnoises, 1866, 3 vol. in-12). Cette édition est précédée d’une notice de Guillaume Colletet et accompagnée de notes utiles à la vie de l’auteur et à l’intelligence du texte.

Estienne Tabourot est un écrivain gaillard, un homme de vieille roche, un « Bourguignon salé », ainsi que l’on disait autrefois. Quiconque aime les pointes et la vivacité des reparties prendra plaisir à lire ses moindres propos, depuis ses épigrammes jusqu’aux contes facétieux de ses Escraignes dijonnoises, transcrits, semble-t-il, pour désennuyer toutes « gens mélancholiques ».

Bibliographie. — Abbé Goujet, Bibliothèque française, t. XIII,