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BOURGOGNE

SONNET

Ruisseau d’argent, qui de source inconneuë
Viens escouler ton beau cristal ici
En arrosant aux pieds de mon Bissy
Le roc vestu, et la campagne nuë :

Pour la pensée en mon cœur survenue.
Quand près de toy je fondois mon souci,
Je te viens rendre éternel grand merci,
Couché auprès de ta rive chenue.

Un vert email d’une ceinture large
T’enjaspera et l’une et l’autre marge,
Puis j’escriray ces vers sus un Porphire :

Loin, loin, pasteurs, si profanes vous estes.
Car les neuf sœurs, en faveur des poètes.
M’ont consacré le Mâconnois Baphire.

(Livre troisiesme des Erreurs amoureuses.)


ODE DE L’AUTEUR AU NOM DE SON ISLE


[L’lsle parle :]

Qui a de l’honneste douceur
De liberté l’ame sucrée,
Qui chante au Castalien cœur.
Ou qui de tel chant se recrée,
Et à qui le nectar aggrée
Servi au banquet de Platon,
Entre ici : car je suis sacrée,
A Pasithée[1], et Eraton.

Mon Pontus me daigne tenir
Gomme sejour doux, cher, tranquille,
Où coustumier il veut venir.
Quand la tumultueuse ville
Tache, en malice citoyenne,
Sa libre vertu espier,

  1. Nom de la maîtresse de l’auteur.