— Dessous (le toit) d’une cabane — Gît tout nu, sans langes. — Après tant de misères, etc…
Ainsi que les Anges l’ont dit, — Il faut tous nous apprêter — À l’aller voir et lui porter, — Pour adoucir sa pauvreté, — Chacun selon nos moyens, — De quoi couvrir sa nudité ; — Sans secours et sans ressources, — Cet enfant va geler. — Après tant, etc.
Vous qui du jour faites la nuit, — Le dos au feu, le ventre à table, — Vous remplissant la panse et puis — Vous en allez de là au jeu, — Ou boire dans les cafés — (Quelle chienne de vie est-ce là ?) — De la boisson plus noire — Que de l’eau des égouts ! — Après tant, etc.
Alors que tout gèle et tout fend, — Que vous dormez bien chaudement — Dans un lit bassiné longtemps — Entre couvertures et linge blanc, — Jésus, le peut-on croire ? — S’en vient d’une étrange façon — Du trône de la gloire — Coucher sur des glaçons ! — Après tant, etc.
Vous devriez bien songer en vous-même (à ceci que) — Nos pères, plus sages que nous, — Dans le temps que (la fête de) Noël approchait, — Quinze jours auparavant jeûnaient ; —
Desô éae cabane
Gî tô nu San draipeà.
Ainsin que lés ainge on chantai
Ai fau tretô nos éprôtai
De l’allai voi et li pôtai
Por rédouci sai prôvelai,
Chécun seuguan no force,
De quei côvri sai nuditai ;
San secor, san resorce,
Cet enfan vai jaulai.
Vo qui du jor faisé lai neu.
Le vantre ai table, au do le feu,
Vo ramplissan lai panse, et peu
Vos en allé de lai au jeu,
Vou dan lé cafai boire
(Quei chénne de vie â-ce-lai ?)
De lai boisson pu noire
Que de l’ea d’écôvai.
Aidon que tô jaule et tô fan,
Que vo dorme[1] bé chaudeman
Dan un lei baissaigné lontan
Antre couvate et lainge blau,
Jésu, le peut-on croire.
S’en vén d’éne étrainge faiçon
Du trône de lai gloire
Couché su dé glaiçou.
Vo devrein bé songé en vo :
No peire, pu saige que no,
Dan le tan que Noei veno
Quinze jor devan on jeuno;
- ↑ Dormé ; est un jantisme ; on dit dremi, dormir, en bourguignon.