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LES POÈTES DU TERROIR

Lui faire révérence — Chargés de beaux présents. — Après tant, etc.

Le nôtre, à ce coup, le voilà — Le plus grand, le plus relevé — Qu’aucun autre qui ait été — Avant lui sur le trône assis. — Voulez-vous qu’on vous dise — D’où lui vient ce grand bonheur-là ? — C’est qu’il a pour l’église — Et pour Dieu tout risqué. — Après tant, etc.

Henri quatre sur ses vieux jours — Disait, entouré de sa cour, — Qu’il voulait que le siècle d’or — Dessous lui revînt encore, — Et que dans les villages — Il ferait si bien, tout par tout, — Qu’en chaque ménage — On ait la poule au pot. — Après tant, etc.

Mais nous allons voir Louis le Grand — Non seulement parler ainsi, — Mais même aller bien plus avant : — Témoin Philippe son enfant — Que voici roi d’Espagne ! — Nous l’allons voir, ce noble roi, — Chasser notre humeur chagrine — De la France à jamais. — Après tant, etc.

Nous entrons dans un siècle nouveau — Ragaillardis, qui sera beau ; — Point de disputes, point d’ennuis — Ne nous troubleront le cerveau ! —

Li faire révérance
Chargé de beà presan.

Le nôtre ai ce cô le voilai
Le pu gran, le pu relevai
Qu’aucun autre qui so étai
Devan lu [1] su trône essetai.
Volé-vo qu’on vo dise
D’où li ven ce gran bonheur-lai ?
C’a qu’ai lé [2] por l’église
Et por Dieu tô risquai.

Henri quatre su sé vieu jor
Diso, entorai de sai cor,
Qu’ai velo que le siècle d’or[3]
Desô lu retônisse canor
Et que dan lé villaige
Ai fera si bë, tô por tô,
Que dan chaique manaige
On airo poule ai pô.

Ma, j’allon voi Loui le Gran
Ansin palai non seuleman,
Ma moime allé bé pu aivau,
Taimoia Phelipe son enfan
Que vequi roy d’Espaigne,
Je l’allon voi, ce noble roy.
Chaissé note humeur graigne
De lai France ai jaimoi.

J’entron dans un siècle nôveà
Regaillardi, qui seré beà ;
Poin d’airigô, de chinfreneà
Ne no trôbleron le çarveà ;

  1. Devan lu, c’est-à-dire avant lui sur le trône assis.
  2. C’a qu’ai lé, c’est qu’il a. Il faut séparer l’e de l et écrire ai lé, il a.
  3. Le siècle (prononcez siéque) d’or.