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BOURGOGNE

1825, in-12 ; Les Noëls bourguignons de Bernard de La Monnaye {Gui Barôzai) publiés pour la première fois avec une traduction littérale en regard du texte patois par F. Fertiault ; Paris, Lavigne, 1842, in-8o ; Paris, Vaaier, 1858, in-12, et Dijon, Lamarche, 1866, in-12 (cette dernière illustrée de 24 dessins). Voyez, en outre, la traduction des Noels bourguignons, par le duc d’Aiguillon (Bruxelles, Mertens, 1865, in-12), réimpression du texte publié dans le Recueil des pièces choisies, rassemblées par les soins du Cosmopolite, etc.

On a fait un curieux rapprochement d’Aimé Piron et de la Monnoye. Nous en détachons les lignes suivantes. Elles nous dispenseront de tout commentaire sur notre poète : « Le xviiie siècle s’ouvre par la fabrication de Noëls pleins de sel et d’esprit, où l’on se gausse aux dépens d’autrui, où l’on coule toutes sortes de malices à l’adresse non plus seulement des hommes et des anges, mais de Dieu même. On rit du saint mystère ; et c’est la Monnoye qui ouvre le feu dès 1700. Il ne faut pas aller loin dans ses Noëls pour que tout cela se démasque. Dès le deuxième, le poète remarque malicieusement qu’on ne voit plus d’anges ni de chérubins apparaître dans le ciel durant la nuit de la Nativité ; et pourquoi cela ? dit-il. « C’est que maintenan ai crainde le serin ». Ailleurs, Dieu est critiqué pour avoir pris le long détour de la rédemption ; il était si simple de ne pas laisser Adam mordre à la pomme ou de pardonner tout de suite sans avoir recours à la sanglante tragédie de la croix ! Avec ce genre de critique, on plait à une certaine classe de citadins ; on leur agrée davantage encore par le style et la composition quand l’un et l’autre sont l’œuvre d’un homme supérieur qui sait que le fin du métier est de cacher l’art… Son livre ira donc jusqu’à la cour, tandis que celui d’Aimé Piron s’arrêtera à mi-chemin dans les antichambres et les cuisines des grands, ou dans les arrière-boutiques des commerçants. Si nous empruntons une comparaison toute bourguignonne, je dirais volontiers que la poésie d’Aimé Piron ressemble à ce bon vin de table qu’on nomme passc-tous-grains, vin quotidien, franc, robuste et agréable au goût… Quant aux vers de la Monnoye, nous parlons de ceux qu’il lit en langue bourguignonne, ils sont assez semblables à ces vins délicats qu’on ne présente qu’au dessert, dans de petites coupes, les jours où il y a festin. Ce sont des vins de première cuvée [1]

La Monnoye a laisse des poésies françaises où se trouvent, avec quelques contes plaisants, la traduction de plusieurs poèmes touchaut le terroir. Elles se trouvent daus l’édition de ses Œuvres choisies, publiées par Rigoley de Juvigny en 1769 et en

  1. J. Durandeau, Aimé Piron, etc.