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LES POÈTES DU TERROIR

sortent de sa bouche avec uue rapidité qu’on n’a peut-être jamais vue. Il vit retiré, il commence à avoir de l’humeur, il ne se soucie guère de personne, il est ni bon ni méchant ; il a des malices, mais des malices d’enfant ; il s’irrite et s’apaise avec une égale facilité, et, parce qu’il est singulier, il se dit et se croit philosophe. » Et Voisenon ajoute : « Tant qu’il a été jeune, il a été dans l’indigence, et s’en est peu soucié, parce qu’il se portait bien. Il a épousé ensuite une femme qui lui a donné du bien assez pour vivre dans l’aisance. Il est devenu veuf, et à présent il est dévot. Il a fait imprimer la traduction du De Profundis ; si dans l’autre monde on se connaît en vers, cet ouvrage pourrait l’empècher d’entrer au ciel, comme son ode l’a empêché d’entrer à l’Académie. Il est vrai qu’il s’en est vengé par une épigramme, dont on se souviendra plus longtemps qu’on ne se serait souvenu de son discours de réception. »

Le portrait est achevé. Aussi n’y ajouterons-nous rien, de crainte de l’altérer. Alexis Piron mourut en 1733, laissant peu de vers sur sa province, hormis le récit de sa querelle avec les Beaunois, dont nous sommes au regret de ne pouvoir rien citer, tant ses reparties y sont gauloises[1]. Ses œuvres, imprimées, ainsi que nous l’avons dit, par Rigoley de Juviguy en 1776, sont loin d’être au complet dans cette édition. Il faut ajouter à cette dernière un supplément fort libre (Poésies diverses, etc., Londres, imprim. de William Jakson, 1787, in-8o) ; un petit recueil publié par Cazin (Œuvres choisies, etc., Londres, 1782, 3 vol. petit in-12) et les trois excellents ouvrages qu’Honoré Bonhomme a consacrés à Piron sous le titre d’Œuvres inédites… prose et vers, accomp. de Lettres inéd. adressées à Piron par mesdemoiselles Quinault et de Bar (Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1859, in-8o) ; de Complement de ses œuvres inédites, etc. (ibid., F. Sartorius, 1865, in-12) et d’Œuvres posthumes, etc. (ibid., Dentu, 1888, in-12).

Bibliographie. — Rigoley de Juvigny, Préface à l’édit. de 1776. — Honoré Bonhomme, Ed. citées. — Perret, Éloge d’Alexis Piron ; Dijon, 1774, in-8o. — Abbé de Voisenon, Anecdotes littéraires. — Grimm, Correspond. littéraire, etc. — Aug. de ** [Mastaing], Les Pirons, Batignolles, Hennuyer et Turpin, 1845, in-12. — J. Durandeau, Aimé Piron, etc. ; Dijon, Libr. nouv., 1888, in-8o ; etc., etc.



  1. Le Voyage de Piron à Beaune a été publié pour la première fois en entier par les soins de M. Honoré Bonhomme (Paris, (Jay, 1864, in-18). L’éditeur a fait suivre ce texte d’un Second Voyage à Beaune qui était alors complètement inconnu.