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LES POÈTES DU TERROIR

« J’aime Dijon, a-t-il dit au début de son livre, comme l’enfant sa nourrice dont il suce le lait, comme le poète la jouvencelle qui a initié son cœur… » Il existe, à notre connaissance, quatre éditions de Gaspard de la Nuit. La première parut avec une préface de Sainte-Beuve, en 1842, à Angers, chez Victor Pavie, imprimeur ; elle servit aux réimpressions données par l’éditeur Pincebourde et par le « Mercure de France » en 1896 et en 1902. (On observera que l’édition de 1896 [Mercure de France] a fait l’objet de deux tirages, l’un sur papier de luxe et l’autre sur papier ordinaire, sous couvertures différentes.)

Bibliographie. — Aug. Petit, Louis Bertrand, etc., Grenoble, Prudhomme, 1865, gr. in-8o. — Henri Chabeuf, Louis Bertrand et le romantisme à Dijon. Dijon, Darantière, 1889, in-8o. — Léon Séché, Les Derniers Jours d’Aloysius Bertrand (doc. inédits). Les Annales romantiques, nov.-déc. 1905. — André Pavie, Sainte-Beuve et Aloysius Bertrand, Revue des Études histor., mai-juin 1908.



BALLADE


Ô Dijon, la fille
Des glorieux ducs,
Qui portes béquille
Dans tes ans caducs ;

Jeunette et gentille,
Tu bus tour à tour
Au pot du soudrille
Et du troubadour.

À la brusquembille
Tu jouas jadis
Mule, bride, étrille,
Et tu les perdis.

La grise bastille,
Aux gris tiercelets,
Troua ta mantille
De trente boulets.

Le reître, qui pille
Nippes au bahut,
Nonnes sous leur grille,
Te cassa ton luth.