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BOURGOGNE


Mais à la cheville
Ta main pend encor
Serpette et faucille,
Rustique trésor.

Ô Dijon, la fille
Des glorieux ducs,
Qui portes béquille
Dans tes ans caducs :

Cà ! vite une aiguille,
Et de ta maison
Qu’un vert pampre habille,
Recouds le blason[1] !


poèmes en prose :


LE CLAIR DE LUNE


Réveillez-vous, gens qui dormez,

Et priez pour les trépassés.

(Le cri du crieur de nuit.)


Oh ! qu’il est doux, quand l’heure tremble au clocher, la nuit, de regarder la lune qui a le nez fait comme un carolus d’or !

Deux ladres se lamentaient sous ma fenêtre, un chien hurlait, dans le carrefour, et le grillon de mon foyer vaticinait tout bas.

Mais bientôt mon oreille n’interrogea plus qu’un silence profond. Les lépreux étaient rentrés dans leurs chenils, aux coups de Jaquemart qui battait sa femme.

  1. Voici une autre version de cette pièce ; on la trouve au début de Gaspard de la Nuit :

    Gothique Donjon
    Et Flèche gothique
    Dans un ciel d’optique,
    Là-bas, c’est Dijon.
    Ses joyeuses treilles
    N’ont point leurs pareilles ;
    Ses clochers jadis
    Se comptaient par dix.

    Là plus d’une pinte.
    Est sculptée ou peinte :
    Là, plus d’un portail
    S’ouvre en éventail.
    Dijon, moult te tarde ! (*)
    Et mon luth camard
    Chante ta moutarde
    Et ton Jaquemart !

    (*) Ancienne devise de la commune de Dijon.