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BOURGOGNE

Toi qui prètes l’oreille au bruit de l’eau ooiirnnle,
Toi qui vas rêver dans les champs ;

Toi qui comprends combien je regrette la Bresse,
Combien j’aime les lieux où je vécus toujours,
Où je veux vivre encor, c’est à toi que j’adresse
Ces souvenirs épurs d’automne et d’heureux jours.

Ami, n’iras-tu pas un jour à la montagne ?
Vas-y ! l’air est si pur sur la cime des monts !
Oh ! va, un beau matin, du cœur je t’accompagne,
Dans le sentier que nous aimons.

Assieds-toi dans les buis où nous rêvions ensemble,
Un soir aux doux rayons du soleil polissant.
De là, suis le taillis dont le feuillage tremble,
Dont la vive senteur te parfume en passant.

Va par le bois Giroux descendre en Tiremale[1] ;
Vers la tour qui blanchit dans le ciel azuré,
Monte par le sentier bordé de tithymale,
Le long du jardin du curé.

Regarde si la bise efface sur les pierres
Les paroles d’amour qu’on trace avec émoi ;
Et, du côté du nord soulevant tes paupières,
Cueille une campanule en souvenir de moi.

(Brixia, 1870.)



  1. Tiremale, petite vallée de Jasserou, entre la montagne du Château et celle des Combes.