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LES POÈTES DU TERROIR


Des enfants sont juchés derrière les bannoires[1] ;
Le vallon retentit des querelles des geais ;
La g-rive au petit cri, le merle aux ailes noires,
S’échappent à grand bruit du fourré des murjets[2].
 
Le soir, les vendangeurs avec leur hotte pleine
Reviennent au village en groupes rassemblés,
Tandis que le fermier ramène de la plaine
Le berrot[3] chargé de gros blés.

Au son de la musette on danse dans les granges
Les branles sautillants, la danse du pays ;
Ou bien, en racontant des histoires étranges,
Vignerons et fermiers dépeillent[4] le maïs.

Oui, les voilà venus, les heureux jours d’automne
Les feuillages des bois prennent mille couleurs.
L’abeille sur les murs que le lierre festonne
Picore les dernières fleurs.

Le martin-pêcheur bleu vole sur les rivières ;
Gomme un nuage noir des milliers d’étourneaux
S’abattent dans les prés ; et sur les chenevières
Se gorgent de grains mûrs les voraces moineaux.

Les oiseaux voyageurs en phalanges unies
Volent de haie en haie à de plus doux séjours.
Le rouge-gorge seul, dans les feuilles jaunies,
Chante encor la fin des beaux jours.



Moi, je ne verrai pas la Bresse cet automne,
Ni les rochers que j’aime, entourés de gazon.
Je suis dans une plaine immense et monotone,
L’horizon que je vois n’est pas mon horizon.



Toi qui sais, doux ami, combien pâle et mourante
La nature en automne a de charmes touchants,

  1. Cuve oblongue destinée à transporter la vendange.
  2. Mur jeté bas.
  3. Petite voiture à deux roues traînée par les bœufs.
  4. De dépeiller, dépouiller le maïs.