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LES POÈTES DU TERROIR

bibliophile. Poursuivi en vertu des lois allemandes et condamné à la forteresse, il ne perdit point un instant sa sérénité et continua silencieusement son œuvre. Il fit paraître, en 1883, chez l’éditeur Antoine Meyer, à Colmar, les deux premières séries des Biographies alsaciennes, dont il rédigea les notices, et s’acquit ainsi des droits à la reconnaissance de ses compatriotes en exaltant ceux qui illustrèrent la vieille terre d’Alsace. Ses poésies datent de sa jeunesse. Sous le titre Rythmes et Refrains, elles forment un élégant recueil, lequel fut publié à petit nombre par le maître imprimeur Louis Perrin, de Lyon (1864, in-8o). C’est un livre rare dont on peut détacher quelques bonnes feuilles où, sous des titres fleurant le terroir : La Fête des Houblons, la Fileuse, le Départ des Cigognes, etc., l’auteur s’est plu à retracer les plus séduisants aspects, les plus touchantes coutumes de notre ancienne province de l’Est.

Paul Ristelhuber a collaboré à bon nombre de périodiques, journaux, revues, publications savantes, entre autres la Revue d’Alsace.

Bibliographie : Biographie alsacienne ; Colmar, Ant. Meyer, 1883, t. Ier.


LE DÉPART DES CIGOGNES


Le char de la moisson fléchissant sous les herbes,
À peine dans la grange a-t-il couché les gerbes
Brillantes comme l’or.
Que la blanche cigogne, en son haut domicile,
Pensive, sur un pied, songe à quitter l’asile
Où naquit son trésor.

Les créneaux des castels, nos tours, nos cheminées,
Par ce paisible ami vont être abandonnées
Pour d’autres régions ;
Plus de chasse au lézard dans le jardin aride,
Plus de pêche aux séjours de la raine timide
Et des petits poissons.

Pour faire ses adieux je l’entends qui claquète,
Et jette au vent du soir son bruit de castagnette,
Sec et réitéré.
Comme aux jours de printemps quand, joyeuse, elle apporte
Aux galetas poudreux, que sa voix réconforte,
Le bonheur imploré,