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LES POÈTES DU TERROIR

Et moi qui dans mon cœur sens un vague remords
Monter, je veux, je crois faire oublier mes torts,
Obtenir mon pardon, en prouvant ma tendresse
Par quelque œuvre, ô ma ruche, où ta gloire apparaisse !
Ainsi le temps se passe et, plus vite compté,
Ramène enfin le jour attendu, souhaité,
Où j’irai, pour l’offrir, rêvant d’une auréole,
Heureux, me replonger dans mon cher alvéole !

(Le Sol sacré ; 1876.)


VINS DE LA CÔTE


Oh ! qui dira la Côte et les grands crus sacrés,
Dont la Grèce aurait bu, mais qu’elle eût adorés !
Chambertin, Richebourg, ces têtes de cuvées :
Les combes, du soleil incessamment couvées ;
Orveaux, qui se soulève et s’accoude aux rochers,
Et Chambolle, en avril, tout rose de pêchers ;
Corton, qui tend sa coupe irisée, où sommeille
La puissance du feu dans la liqueur vermeille ;
Volnay, riche en parfums ; Pommard, comme un beau soir
Empourprant les sentiers de la vigne au pressoir ;
Montrachet, dont la grappe a la couleur de l’ambre
Et luit, comme un joyau, sur le front de septembre !
Mais celui qu’entre tous elle eût nommé divin,
C’est toi, vieux Clos-Vougeot, orgueil du sol, ô vin !
Elle t’eût consacré des autels dans ses combes ;
Elle les eût rougis du sang des hécatombes ;
Et la petite source, humble comme un lavoir.
Qui te donne son nom et te sert de miroir,
La Nymphe au front chargé de raisin noir, la Vouge,
Dont le flot sort si clair de ta colline rouge,
Au plein soleil, sans lit de mousse ou de roseaux,
Eût été la première entre ses sœurs des eaux !

(Poèmes de Bourgogne ; 1881).