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BRETAGNE

BRETAGNE

LEONAIS, CORNOUAILLES, TRÉGORROIS, LANNONAIS,
VANNETAIS, ANCIEN DUCHÉ DE PENTHIÈVRE,
HAUTE BRETAGNE PROPREMENT DITE, PAYS DE COISLIN,
PAYS DE RETZ, ETC.


Terre de granit recouverte de chênes, selon l’expression du poète, la Bretagne dépend tout entière de sa configuration géographique. L’Océan est son maître, un maître dur, irascible, qui lui a imposé ce nom, de forme gaélique, Armor, ou Pays de la mer. « Triangle formidable, a-t-on écrit[1], appuyant sa base aux collines du Maine et aux ondulations de la Touraine, mordu par la mer aux deux flancs, dans la baie du Mont Saint-Michel et dans la large échancrure précédant la Loire, — l’Armor présente aux flots rongeurs les doux longs remparts bastionnés de rochers des Côtes-du-Nord et du Morbihan et jette en avant, en un corps-à-corps prodigieux, le massif puissant du Finistère, creusé de deux larges baies, hérissé de trois caps et demi-vaincu par les eaux, demi-vainquour de leur effort, faisant face à l’ouest, à la grande colère du large, au libre Atlantique déchaîné.

« Solide ossature interne, deux chaînes parallèles, mais rudes, sauvages, massives, s’allongent dans le sens de l’occident venant mourir, monts d’Arrée et montagnes Noires, avec le triple sommet du chauve et dénudé Menez-Hom, tout au bout du Finistère. Entre les deux, une faille où serpentent des eaux.

« Au nord, un pays ondulé, crénelé de pointes rocailleuses, mordu de grèves immenses, pays assez bas, sans grandes falaises, mais infiniment déchiqueté, — Trégorrois, Lannionais, pays de Léon : bon terroir à champs de sarrasin, à pâturages pour chevaux, à culture de pommiers, à taillis et futaies, restes des forêts de la légende.

« Au sud, un pays assez plat également, entamé de la profonde déchirure du Mor’bihan, la petite mer, riche, fertile plus

  1. Cf. Maurice Duhamel, Essai sur la littérature bretonne ancienne.