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BRETAGNE

— Que me sert d’être si belle, — Puisque vous ne me mariez toujours pas ?

Quand la pomme est rouge, — 11 faut la cueillir, et tout de suite ; — La pomme tombe de l’arbre ; — Si on ne la cueille, elle se gâte.

Ma fillette jolie, ne vous désolez ! — Avant un an vous serez mariée. — Et si je meurs avant un an ?… Mettez-moi dans une tombe neuve.

Mettez-moi trois bouquets sur ma tombe, — Un de roses, doux de laurier. — Quand iront des mariés au cimetière, — Ils prendront chacun un bouquet.

Et ils se diront l’un à l’autre : — Voici une jeune fille ici, — Laquelle est morte au beau milieu de son envie — De porter des miroirs d’argent[1].

Sur la grand’route, avant (de m’enterrer) exposez-moi ; — Cloche pour moi ne sonnera point.


— Petra vern d’eing bud o ken brao,
Pa n’am dimezet kot atao ?

Pa ve ann avalenn en ru,
Rèd ê gutul, ha doc’htu ;
Coei ra euz, ar voenn ann aval,
Map n’hen gutuler, ia da fall.

— Ma merc’hie coant,’n em frealhet,
A-benn ur bloe e vec’h dimèt.
— Ha mar marvan a-raoc ur bloc,
Ma laket en eur bez neve.

Lakct tri boket war ma bo,
Unan a roz, daou a lore.
P’az eï re dimêt d’ar vered,
E kemerint peb a voked ;

Har e làrint ’n eil d’egile :
— Chetu ur plac’h iaouane ame
Pini a zo marv en he c’hoant
Da zoug mirouerou arc’hant !

War ann hent-braz kent ma laket :
Clo’h evidoa na zono ket;

Clo’h war ann douar na zono ket,
Bélec d’am c’herc’had na zeui ket.

  1. Les mariées, le jour de leurs noces, portaient des petils miroirs d’argent sur leur coiffure.