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LES POÈTES DU TERROIR

De noblesse trésor et parement
Plus qu’oncques, mais debvez joyeusement
User vos jours par raison et droicture,
Princesse avez, très noble créature,
Et en vertus nompareille tenue,
Semblant des cieulx estre sa nourriture,
Benoiste voit sa joyeuse venue.

C’est la belle fleurette précieuse
De trois couleurs ornée doulcement,
Par le blanc, vert et vermeil, lumineuse,
Et au milieu paraist l’or proprement,
Qui sont cboses de grant entendement :
Vert, c’est grâce de Dieu et de nature.
L’innocence, chasteté nette et pure ;
Blanc et vermeil ont l’enseigne obtenue,
L’or dénote royalle geinture,
Benoiste soit la joyeuse venue.

De sens, honneur, et bonté amoureuse,
Est tant que peult comprendre, sentement,
Maintien rassis, parolle gracieuse,
Amour, doulceur, et valeur tellement
L’accompaignent, et vit tant sobrement
Qu’elle resemble à divine facture
Plus que humaine dont très bonne adventure,
A Bretaigne est, dieu mercy, advenue.
Par quoy povons dire sans couverture
Benoiste soit sa joyeuse venue.

Prince parfaict, mettez sens, temps, et cure,
A la chérir tant qu’elle nous procure
Le plus grand bien qui soit dessoubz la nue,
C’est ung beau filz : lors dirons sans mesure :
Benoiste soit sa joyeuse venue.

(Les Lunettes des princes avec aulcunes
ballades et additions,
etc. ; 1522.)