Page:Van Bever - Les Poètes du terroir, t1, Delagrave.djvu/404

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
382
LES POÈTES DU TERROIR

Près du mur de l’église et sous un tertre fin ;
Les parents y viendraient prier avant la messe ;
Tous les petits enfants y lutteraient sans cesse ;
Étendu dans sa fosse, il entendrait leur bruit,
Et les Gorriganed y danseraient la nuit.

Oh ! ne quittez jamais le seuil de votre porte !
Mourez dans la maison où votre mère est morte
Voilà ce qu’à Paris avait déjà chanté
Un poète inconnu qu’on n’a pas écouté.

(Marie.)


LA CHANSON DE LOÏC


Dès que la grive est éveillée,
Sur cette lande encore mouillée
Je viens m’asseoir
Jusques au soir ;
Grand’mère, de qui je me cache,
Dit : « Loïc aime trop sa vache. »
Oh ! nenni da !
Mais j’aime la petite Anna.
 
À son tour, Anna, ma compagne,
Conduit derrière la montagne,
Près des sureaux,
Ses noirs chevreaux ;
Si la montagne, où je m’égare,
Ainsi qu’un grand mur nous sépare,
Sa douce voix,
Sa voix m’appelle au fond du bois.
 
Oh ! sur un air plaintif et tendre,
Qu’il est doux au loin de s’entendre,
Sans même avoir
L’heur de se voir !
De la montagne à la vallée
La voix, par la voix appelée,
Semble un soupir
Mêlé d’ennui et de plaisir.
 
Oui, retenez bien votre haleine.
Brise étourdie, ou dans la plaine,