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BRETAGNE

Parmi les blés,
Courez, volez !
Ah ! la méchante est la plus forte,
Et dans les rochers elle emporte
La douce voix
Qui m’appelait au fond du bois.

Encore ! encore ! Anna, ma belle !
Anna, c’est Loïc qui t’appelle !
Encore un son
De ta chanson !
La chanson que chantent tes lèvres,
Lorsque pour amuser tes chèvres,
Petite Anna,
Tu danses ton gai ta-ra-la !

Oh ! te souvient-il de l’yeuse
Où tu montas, fille peureuse.
Quand tout à coup
Parut le loup ?
Sur l’yeuse encor, ma mignonne,
Que parmi lès oiseaux résonne
Ta douce voix,
Ta voix qui chante au fond du bois !

Mais quelle est derrière la branche
Cette fumée errante et blanche
Qui lentement
Vers moi descend ?
Hélas ! cette blanche fumée.
C’est l’adieu de ma bien-aimée,
L’adieu d’amour,
Qui s’élève à la fin du jour.

Adieu donc ! — Contre un vent farouche
Au travers de mes doigts ma bouche
Dans ce ravin
L’appelle en vain ;
Déjà la nuit vient sur la lande ;
Rentrons au bourg, vache gourmande !
Ô gui-lan-la !
Adieu donc, ma petite Anna !

(Marie.)