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BRETAGNE

EVARISTE BOULAY-PATY

(1804-1864)

Petit-fils de Cyprien Halgan, sénéchal de Donges, et neveu de l’amiral du méme nom, Félix-Cyprien-Evariste Boulay-Paty naquit au bourg de Donges, sur les bords de la basse Loire, le 19 octobre 1804. Son père, Sébastien, savant jurisconsulte, s’était rendu célèbre en résistant au fameux Carrier et en siégeant au conseil des Cinq-Cents. Il passa ses premières années au pays natal, se fit inscrire au barreau de Rennes, puis, ayant contracté une liaison amoureuse dans cette ville, dut se rendre, sur les instances de sa famille, à Paris, en 1829. En 1834, il publia une sorte d’autobiographie romantique, Elie Mariaker (Paris, Henri Dupuy, in-8o), où il se plut tout à la fois à poétiser ses premières amours et à retracer les souvenirs de son enfance. Auparavant, Casimir Delavigne et Dupin l’avaient présenté au duc d’Orléans, qui se l’attacha et en fit, par la suite, son bibliothécaire. Auteur dramatique et poète, il présenta à l’Odéon, avec Hippolyte Lucas, un drame, Le Corsaire, imité de Byron, qui ne fut point joué, et donna deux recueils de poèmes : Odes (Paris, W. Coquebert, 1844, in-8o) et Sonnets de la vie humaine (Paris, Féret, 1851, et F. Didot, 1852, in-8o), dont on a sensiblement exagéré le mérite. Il mourut isolé à Paris, le 12 juin 1864. Un an après sa mort, son parent et ami Eugène Lambert rassembla ses œuvres inédites et les fit paraître sous ce titre : Poésies de la dernière saison (Paris, Ambr. Bray, s. d. [1865], in-12). On lui doit encore quelques pièces détachées, entre autres une Ode sur l’arc de triomphe de l’Étoile (Paris, F. Didot, 1837, in-4o), qui fut couronnée par l’Académie française et lui valut une heure de notoriété.

Sainte-Beuve a dit de cet auteur : « Boulay-Paty était un vrai poète, c’est-à-dire qu’il était cela et pas autre chose ; il avait le feu sacré, la religion des maîtres, le culte de la forme ; il a fait de charmants sonnets, dont je comparais quelques-uns à des salières ciselées d’un art précieux ; mais les salières n’étaient pas toujours remplies ; il avait plus de sentiment que d’idées. Il appartenait, par bien des côtés, à l’ancienne école poétique, en même temps qu’il avait un pied dans la nouvelle. Ce n’est pas pour rien qu’il s’appelait Évariste : il tenait de Parny plus que d’Alfred de Musset… »