Barzaz Breiz, 1872. — Louis Havet, Poésies popul. de la Basse Bretagne, etc. ; Revue polit. et littér., 1er mars 1873. — Pitre de Lisle, Du Mouvement ascendant de la Bretagne au dix-neuvième siècle ; Revue de Bretagne, de Vendée et d’Anjou, mars 1894. — Louis Tiercelin, Ceux de chez nous ; L’Hermine, 20 mars 1894. — J. Rousse, La Poésie bretonne au dix-neuvième siècle ; Paris, Lethielleu, 1895, in-18.
Il existait en Armorique, aux premiers temps de l’ère chrétienne, une ville, aujourd’hui détruite, à laquelle l’anonyme de Ravenne donne le nom de Chris ou Keris. À la même époque, c’est-à-dire au ve siècle, régnait dans le même pays un prince appelé Gradlon et surnommé Meur, c’est-à-dire le Grand. Gradlon eut de pieux rapports avec un saint personnage nommé Gwénnolé, fondateur et premier abbé du premier monastère élevé en Armorique. Voilà tout ce que l’histoire nous apprend de cette ville, de ce prince et de ce moine ; mais les chanteurs populaires nous fournissent d’autres renseignements. Selon eux, Ker-is ou la ville d’Is, capitale du roi Gradlon, était défendue contre les invasions de la mer par un puits ou bassin immense, destiné à recevoir l’excédent des eaux à l’époque des grandes marées. Ce puits avait une porte secrète dont le roi seul gardait la clef, et qu’il ouvrait et fermait quand cela était nécessaire. Or, une nuit, pendant qu’il dormait, la princesse Dahut, sa fille, voulant couronner dignement les folies d’un banquet donné à un amant, déroba à son père la clef fatale, courut ouvrir l’écluse, et submergea la ville. Saint Gwénnolé passe pour avoir prédit ce châtiment, qui fait le sujet d’une ballade qu’on chante à Trégunc.
As-tu entendu, as-tu entendu ce qu’a dit l’homme de Dieu au roi Gradlon qui est à Is ?
Ha glevas-te, ha glevaz-te
Pez a lavaraz den Doue
D’ar roue Gradlon enn Is be ?