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LES POÈTES DU TERROIR

Sur la branche un petit oiseau — Dit alors, par son chant : — « Ne troublez pas l’eau, ô jeune fille, — De cette façon, avec vos deux petits pieds ;

« Car je ne pourrai plus y voir mon image, — Ni davantage les étoiles du ciel : — Écoutez la prière d’un petit oiseau, — Ne troublez pas l’eau, la belle enfant ! »

Mônik répondit alors — À l’oiseau qui lui parlait de la sorte : — « Ne crains rien, l’eau troublée — Sans tarder redevient claire et limpide ;

« Mais, hélas ! le jour où je vins — En ce lieu avec Iannik Caris, — Celui que je n’ai que trop aimé, — Ah ! c’est alors que tu aurais dû dire :

« — Oh ! ne troublez pas, Iannik, — Le cœur et l’âme de cette jeune fille, — Ils ne seront plus purs, ils ne réfléchiront plus — Les étoiles et le soleil béni ! »

Toujours Breton, 1865.)


War ar skour eùn envnik bihan
’Lavaraz neûze, dre hi gân : —
« N’stravillet ket an dour, plac’hik,
Er gîz-ze, gant hô taou-droadik ;

« Rag n’hellin mui gwelet ma skeûd,
Na stered an oabl ken nebeud :
Selaouet pedenn ann envnik,
N’stravillet ket an dour, merc’hik ! » —

Monik a lavaraz neèze
D’ann envn a gomze er stumm-zé :
« N’as be doan, ann dour stravillet,
Heb dàle pell, ’ve sklerr ha net ;

« Med, siouaz ! en deiz ma teùiz
El lec’h-ma gant Iannik Kariz,
Ann hinin am eùz re gâret,
Ah ! neùze ez oa did lâret :

« Oh ! na stravillet ket, Iannik,
« Kàlon hag ene ar plac’hik,
« Xa voint ken gloan, na skeûdoint ket
« Ar stered, au heol beniget ! »

(Bepred Breizad, 1865.)