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BRETAGNE

trivialités, de fautes de goût, de grossioretés qui sentent un peu la barbarie et de poésie simple et naturelle, tendre et sentimentale, humaine toujours[1]… »

« Il s’est attablé aux auberges, les jours de pardon (selon l’expression de son disciple M. Anatole Le Braz), alors que la vertu du cidre remue les vieilles choses dans les cerveaux. Il a fréquenté les meuniers, les tisserands, les tailleurs et les pâtres. Il s’est fait bienvenir des couturières, dont la langue vibre comme l’aiguille. Il a passe de longues heures accroupi sur des tas de copeaux, sous la hutte à forme gauloise des sabotiers. Il lui est même arrivé de coucher à la belle étoile entre deux collectes de chansons. » Et, la moisson faite, il a fait participer tous ses compatriotes aux richesses de sa récolte.

François-Marie Luzel est mort à Quimper le 26 février 1895. Il a collaboré à des publications savantes ; quelques-uns de ses poèmes en langue celtique sont insérés dans ce curieux recueil : Bleunion Breiz, poésies anciennes et modernes de la Bretagne, 2e édit. (Quimperlé, impr. Th. Clairet, 1888, in-8o).

Bibliographie. — Anatole Le Braz, Le Théâtre celtique, Paris, Calmann-Lévy, 1904, in-8o. — Louis Tiorcelin, Nos Morts ; l’Hermine, 20 mars 1895. — J. Rousse, La Poésie bretonne au dix-ncuvièmc siècle ; Paris, Lethielleux, 1895, in-18.



MONA


Sur le bord de la rivière, les pieds dans l’eau, — Assise sur le gazon frais, — Un soir, Môna Daoulas — Était dans la prairie, sous les aulnes verts.

Mélancolique et la tête penchée — Était la jeune fille, avec sa douleur, — Et les larmes de ses yeux — Perlaient sur l’herbe de la prairie.


MONA

War lez ar ster, hi zreid en dour,
Azezet war ar c’hlazenn flour,
Eûn abardeiz, Môna Daoulaz
Oa er prad, diudan ar guern glaz.
 
Truezuz, ha stouët hi fenn,
’Oa ar plac’hik, gant ec’h anken ;
An daerou eùz hi daoulagad
’Sterendenne war ieod ar prat.

  1. Préface des Gwerzioú Breiz Izel.