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ALSACE

Chaque année, un matin de la saison fleurie,
Allaient à Tierenbach pour honorer Marie,
Et leurs processions dans les bois et les prés
Déroulaient des replis en rubans diaprés.
Tous croyaient, espéraient en la sainte Madone,
Et, leur cierge à la main, priant devant l’icone.
Demandaient un appui pour les dons temporels,
Et son divin secours pour les biens éternels.

Des pays éloignés et de l’Alsace entière.
Les pèlerins venaient, unissant leur prière.
Prodiges éclatants, miracles confirmés,
Toujours étaient par eux au retour proclamés.
Des ex-voto nombreux ornaient le sanctuaire,
Témoignages naïfs de piété sincère :
Paysannes, bergers priant pour leurs troupeaux.
Malades, accidents, tous peints sur ces tableaux.
Où se voyait toujours, assise dans la nue,
La Vierge douloureuse, aux pâtres apparue.

Les siècles ont passé, le temple fut détruit…
Et vous brillez encore, étoile dans la nuit,
Vierge de Tierenbach, qui protégez l’Alsace
Et bénissez l’effort de sa vaillante race,
Que nos mères priaient, qu’invoquaient nos aïeux !
Du ciel écoutez-nous, daignez jeter les yeux
Sur notre cher pays, donnez-lui confiance
En ses mâles vertus : énergie, espérance !
Que, fidèle au passé, par sa foi rassuré,
Il conserve toujours votre culte sacré !

(Légendes d’Alsace.)