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LES POÈTES DU TERROIR

Tupetu. L’oracle fonctionne pendant la grand’messe : l’officiant fait faire, pour chacun, un tour à la Roulette-de-chance, grand cercle en bois fixé à la voûte et manœuvré par une longue corde que Tupetu tient lui-même dans sa main de granit. La roue garnie de clochettes tourne en carillonnant ; son point d’arrêt présage l’arrêt du destin : — D’un côté ou de l’autre. Et chacun s’en va comme il est venu, quitte à revenir l’an prochain… Tupe-tu finit fatalement par avoir son effet.


Il est, dans la vieille Armorique,
Un saint, des saints le plus pointu,
Pointu comme un clocher gothique
Et comme son nom : Tupetu.

Son petit clocheton de pierre
Semble prêt à changer de bout…
Il lui faut, pour tenir debout,
Beaucoup de foi… beaucoup de lierre…

Et dans sa chapelle ouverte, entre
— Tête ou pieds — tout franc Breton
Pour lui tâter l’œuf dans le ventre,
L’œuf du destin : C’est oui ? — C’est non ?…

Plur fort que sainte Cunégonde
Ou Cucugnan de Quilbignon…
Petit prophète au pauvre monde,
Saint de la veine on du guignon,

Il tient sa Roulette-de-chance
Qu’il vous fait aller pour cinq sous ;
Ça dit bien mieux qu’une balance
Si l’on est dessus ou dessous.

C’est la roulette sans pareille,
Et les grelots qui sont parmi
Vont là-haut chatouiller l’oreille
Du coquin de Sort endormi.

Sonnette de la Providence,
Et serinette du Destin ;
Carillon faux, mais argentin ;
Grelottière de l’Espérance…

Tu-pe-tu ! — D’un bord ou de l’autre !
Tu-pe-tu ! — Banco. — Quitte ou tout !