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ALSACE

Par delà l’infini moutonnement des bois,
Entends, comme un rayon descendu d’une étoile,
Cette voix qui ondule au cœur de l’autrefois
Selon l’inflexion des collines natales.

C’est l’éveil frémissant d’un calme souvenir.
La courbe du passé fléchit vers l’avenir
Ainsi qu’un arc-en-ciel s’abaisse à l’horizon.

L’âme s’exalte au chant pastoral des villages
Et, simplement, élit pour sa fidèle image
La sereine fumée au toit d’une maison.


LE REFUGE


Le Refuge : ce parc où la noble maison
Respire le parfum d’altesse de la Rose,
Cette ordonnance simple et naïve des choses
Opposée aux combats fougueux de l’horizon.

Rigide et reflétant la face des saisons,
L’averse des miroirs dans la lumière rose ;
Le portrait qui écoute et celui qui vous cause,
Et celui dont on craint la haine sans raison.

Les Vosges et leurs bois, l’Alsace avec ses gerbes,
La Thür, — épée un jour tombée au sein des herbes,
— Le ciel du paysage aimé de teinte perse,

Le parfum du silence et les tons de l’oubli,
Et surtout cette amante afin qu’elle me berce
Dans la tombe nocturne et tiède de son lit.

Cernay (Alsace).