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BRETAGNE

Le vent trousse sa coiffe blanche
Comme une aile de goéland.

Et voici qu’en ma songerie
Toute vague encor de sommeil,
Je crois soudain que c’est « Marie »
Qui me salue à mon réveil.

Suave, avec son air de nonne,
Dans la ville de la Lêta,
M’apparaît Maï la Bretonne
Que Brizeux en France chanta…

III


Maï, la servante d’auberge,
Te ressemblait comme une sœur ;
Elle avait tes yeux fins de vierge,
Ta beauté sobre, ta douceur.

Une senteur fraîche et subtile
De son cou jeune s’exhalait,
Et c’était ce parfum d’idylle
Qu’ont en Kerné les « fleurs de lait >

Comme au soleil naissant se lève
Le brouillard qu’a tissé la nuit,
Ainsi la brume de mon rêve
À son regard s’évanouit.
 
Plus de chambre morne, oppressée
Par on ne sait quelle stupeur !
Plus d’ombre grise balancée
Au vent suggestif de la peur !

Non ! des perspectives lointaines,
Un ciel voilé, mais transparent ;
Et dans la clarté des fontaines
Un pays grave se mirant.

Une atmosphère impondérable
Du paradis élyséen,
Et l’oraison d’un misérable
Mêlée à l’aboiement d’un chien…

Des vieilles aux rides sévères
Vont pieds nus accomplir un vœu…