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LES POÈTES DU TERROIR

Hausse son front grave et mitre
Au-dessus d’un cierge fidèle…

Un enfant pâle aux longs cheveux,
Une « pâtouse » de la lande,
Au très vieux saint de la légende
Présente à deux genoux l’offrande
De son cœur rêveur et pieux.

Et la lumière douce glisse
Comme un baiser chaste et navrant
Sur un blanc visage souffrant
Qu’idéalise, en l’encadrant,
Sa chevelure rousse et lisse.

Gouffre de calme… Isolement…
L’âme dans l’extase se plonge,…
Le cadre semble de mensonge…
Le cierge brûle dans du songe
Avec — à peine — un tremblement…

Cette enfant malade qui prie,
L’éclat des flambeaux dans les yeux
Devant ce saint mystérieux,
De tout son cœur silencieux
Et de sa face endolorie.

Est-ce bien l’enfant qu’on trouva
Gardant des moutons dans les landes ?
Ou plutôt avec ses guirlandes,
Avec ses saints et ses légendes,
L’âme d’un peuple qui rêva.

Et la Bretagne qui s’en va ?…

La Légende d’une âme.)