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LES POÈTES DU TERROIR

(xvie siècle)

Quand parurent pour la première fois, en 1890, les poésies de Germain-Colin Bucher, on ne connaissait guère sur ce poète que ce qu’en avaient écrit la Croix du Maine et l’abbé Goujet, l’un et l’autre dans leur Bibliothèque françoise. Aujourd’hui, nous n’ignorons rien de ses œuvres, mais, malgré les recherches de son dernier éditeur, nous n’osons nous flatter d’être renseignés sur sa vie. Dans une épitre qu’il adresse à Jean Bouchet de Poitiers, il se dit Angevin :

Impere nioy comme maistre et novice,
Tu me verras à tes veutz réfléchir
En Angevin débonnaire et sans vice
Ne sçachant point sommeiller, ni gauchir.
Je suis d’Anjou, de génie clere et franche
Qui n’a tâché que d’honneur s’enrichir.

Ses poésies ne démentent en rien ses origines. Non seulement elles offrent le témoignage d’un esprit enjoué et malicieux, qui dut autant à la terre maternelle qu’à l’influence de Marot, mais elles nous dépeignent au vif la vie provinciale, peu avant la Renaissance. Ses pièces diverses sont pleines des noms de ses compatriotes. Il en est de célèbres et d’obscurs, parmi lesquels je relève ceux de Pierre de Tredehan, de l’évèque Jean Olivier, de Jean Avril, Pascal Robin, du Fault, Jean Maugin, le Petit Angevin, Charles de Sainte-Marthe, etc. De famille quasi illustre, Colin Bucher avait été secrétaire du grand maître de Malte. Sa fidélité à l’infortuné duc d’Anjou lui fit connaître les rigueurs de l’exil. Il ne paraît d’ailleurs pas s’en être souvenu dans les menus ouvrages qu’il consigna et que l’on peut lire au Manuscrit français 24139 de la Bibliothèque Nationale, où ils demeurent conservés. Ajoutons que c’est sur ce manuscrit même que fut composée l’édition à laquelle nous avons fait allusion plus haut. Sous ce titre : Un Emule de Clément Marot. Les Poésies de Germain-Colin Bucher, etc., publiées avec notice, notes, table et glossaire par Joseph Denais, elle parut à Paris, chez Techener, en un volume in-8o.

Indépendamment de leur mérite littéraire, les poésies de