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ANJOU

Loyre, hausse ton chef ores
Bien haut, et bien haut encores.
Et jette ton œil divin
Sur ce pays Angevin,
Le plus heureux et fertile,
Qu’autre où ton onde distille.
Bien d’autres Dieux que toy, Pere.
Daignent aynier ce repaire
A qui le ciel fut donneur
De toute grâce et bonheur.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Qui voudra donc louë et chante
Tout ce dont l’Inde se vante,
Sicile la fabuleuse,
Ou bien l’Arabie heureuse.
Quant à moy, tant que ma Lyre
Voudra mes chansons eslire
Que je luy commanderay,
Mon Anjou je chanteray.
O mon fleuve paternel,
Quand le dormir éternel
Fera tomber à l’envers
Celuy qui chante ces vers,
Et que par les bras amis
Mon corps bien près sera mis
De quelque fontaine vive,
Non gueres loin de ta rive,
Au moins sur ma froide cendre
Fay quelques larmes descendre
Et sonne mon bruit fameux
A ton rivage escumeux.
N’oublie le nom de celle
Qui toute beauté excelle,
Et ce qu’ay pour elle aussi
Chanté sur ce bord icy.

(L’Olive et quelques autres œuvres poétiques,
édit. de 1549.)