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LES POÈTES DU TERROIR

Sentant combien les grâces féminines
Seroyent en pris, si les plumes bénignes
Les opposoyent au tiltre ambitieux
Dont nostre nom s’élève jusqu’aux cieux.

De cygne donc la mienne blanchissante
Soit à leur los ses ailes fléchissante :
Mienne je dis, qui au dedans du corps
Suis aussi blanc que le cygne dehors :
Aussi le Dieu qui ma fureur allume,
Me fist jadis présent de ceste plume.

Les doctes sœurs qui parmi l’univers
Feront voler vostre nom par mes vers,
Tant que vivray, Dames bien fortunées,
Seront par moy pour vous importunées :
Qui feray bien si j’en veux prendre esmoy,
Vivre deux fois ensemble vous et moy.

Si vous eussiez de l’onde oblivieuse
Tiré vos noms, que la parque envieuse
Et nos escrits y ont fait devaller,
Quel bruit pourroit aux vostres égaler ?
Toute vertu des grâces ignorée
N’est longuement entre vous honorée.

Mais maintenant je voy le temps changer
Qui vous vouloit sous sa force ranger.
Puisque desja commencent à nous plaire
Les doctes vers, vous n’avez plus affaire,
Pour vos honneurs rendre à jamais vivans,
De mendier la main des escrivans.


LES LOUANGES D’ANJOU[1]

O (de qui la vive course
Prend sa bien heureuse source
D’une argentine fontaine,
Qui d’une fuite lointaine
Te rens au sein fluctueux
De l’Océan monstrueux),

  1. Fragrment du poème intitulé Au Fleuve de Loyre.