Page:Van Bever - Les Poètes du terroir, t1, Delagrave.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
53
ANJOU

nal. Contemporain et condisciple de Ronsard, son vers, moins poétique sans doute, est plus libre, plus dégagé, plus franc, toujours clair et bref : qualité plus rare alors que jamais. »

Bibliographie. — Abbé Gonjet, Bibliothèque française, t. XII, p. 380. — Viollet-le-Duc, Bibliothèque poétique, Paris, Hachette, 1843, p. 325. — G. Ballu, Curiosités poétiques du seizième siècle : J. Le Masle ; Revue de la Renaissance, 1905, t. VI, p. 230.



SONNETS SUR BAUGÉ
I


Bien que ce lieu soit beau et délectable.
Autant que nul du climat Angevin,
Bien qu’il produise, avecques le bon vin,
Tout ce qu’il faut pour couvrir une table,

Il ne m’est point plaisant et agréable,
Veu que le peuple, envieux et mutin,
S’y estudie à mesdire sans fin,
Et s’abandonne à tout vice exécrable.

Voilà pourquoy j’abhorre telles gents,
Si que reclus la plus grand’part du temps
Me tiens icy, en morne solitude.

Mais si un coup demeurant je t’y voy
(O cher cousin), souvent j’iray chez toy
Charmer l’ennuy que nous cause l’estude.


II


Le vieil proverbe dit que la gent de Lydie
Est la pire qui soit en tout cest univers,
Et que de près la suit l’Egyptien pervers :
Puis au troisième rang l’on met ceux de Carie.

Mais ceux de Baugé sont de si meschante vie,
Et leur police va tellement de travers,
Sans tenir ordre aucun, que tousjours, par mes vers,
Je les diray plus pleins de trahison, d’envie