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LES POÈTES DU TERROIR

Que ne sont les premiers : excepté seulement
Quelque nombre petit qui, vertueusement,
Chemine (comme Loth) entre le peuple inique.

Portheis, voilà pourquoy ce lieu m’est odieux,
Car plusieurs citoyens y sont plus dangereux
Que ne sont les dragons et fiers serpents d’Afrique.


III


Je sçay bien qu’on ne voit que tout desordre icy,
Tout semble estre confus et plein de mocquerie,
Le peuple est exposé au sac et pillerie
Des grands, qui font semblant d’avoir de luy soucy.

D’autre part, le vulgaire au vice est endurcy,
Plus qu’il ne fut jamais : ce n’est que menterie
De tout ce qu’il asseure : abbus et tromperie
En tout ce qu’il achette et ce qu’il vend aussi.

Brief, c’est pitié de voir tous estats de la France,
Comme ils vont aujourd’huy suivant la décadence :
Mais plus qu’en autre lieu tout ordre est perverty

Dans Baugé tellement qu’un brocard on luy baille.
Disant que de Baugé c’est meschante canaille,
Ce qu’est en trivial un proverbe converty.

(Nouvelles Recréations poétiques, 1580.)