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ANJOU

Combien souvent t’ay-je, Nymphe, conté
Le fier desdain, l’orgueil, la cruauté
De ma maistresse en l’amour trop rétive !

Combien aussi mes yeux, deux vifs ruisseaux.
Ont-ils meslé de larmes dans tes eaux,
Comme à l’envy de ta fontaine vive !


III


O le séjour de ma muse angevine,
Et de mes vers le fidelle temoing,
Petit Huillé, mon Huillé, le doux soing
Que voluntaire en mon cœur je confine.

Dans toy le ciel d’une faveur benine
A respandu, soit auprès, soit au loing,
Tout ce que peult avoir l’homme besoing
Pour se pourvoir encontre la famine.

Bacchus remplit tes cousteaux de bon vin,
Qui est l’honneur du terroir Angevin,
Et dans tes champs est Cérès la dorée,

Dedans tes prez mille troupeaux on voit,
Qui vont repeuz, portant dedans leur troict
Leurs pis enflez sur la tarde serée.

(Œuvres et Meslanges poétiques, 1579.)