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LES POÈTES DU TERROIR

prédestîné. Le premier peut-être de tous les poètes de l’Empire et de la Restauration, il a ouvert la voie à un art provincial où l’amour du sol, formé en partie de regrets et de souvenirs, tient la plus grande place. Se sentant mortellement atteint dans sa chair, il dépensa une activité fiévreuse, et, croyant travailler pour la gloire, il ne réussit qu’à précipiter sa fin. En moins de trois ans il publia dans les Débats, les Archives philosophiques, poétiques et littéraires, le Spectateur et le Lycée français de nombreuses pages et réunit la matière de deux volumes de vers. Le second, il est vrai, intitulé Epîtres et Elégies (Paris, P. Delestre, 1819, in-12), renferme en partie le texte du premier, mais il complète sa manière. Charles Loyson est mort à Paris le 27 juin 1820, n’ayant pas encore atteint sa trentième année. Vingt-sept ans après sa mort, alors que Paris l’avait complètement oublié, la municipalité de sa ville natale, secondée par l’Association bretonne-angevine, lui fit élever un monument sur une des promenades de Château-Gontier qu’il a célébrée dans ses vers.

Il existe une édition de ses Œuvres choisies, publiée par Emile Grimaud « avec une lettre du R. P. Hyacinthe et des notices biographiques et littéraires par MM. Patin et Sainte-Beuve », Paris, Albanel, 1869, in-8o. Cet ouvrage contient une copieuse bibliographie de ses diverses productions.

Bibliographie. — Léon Séché, Charles Loyson, etc. (extr. de la Rev. des Deux Mondes) ; Revue des prov. de l’Ouest, aoùt-sept. 1899 ; Lamartine de 1816 à 1830, Paris, Mercure de France, 1905, in-8o.



L’AIR NATAL

Te voilà, doux pays, témoin de ma naissance,
Voilà tes champs, tes prés, tes ombrages épais,
Et ton fleuve si pur, et tes vallons si frais :
Mais, hélas ! qu’as-tu fait des jeux de mon enfance ?
M’as-tu gardé, dis-moi, mes plaisirs, ma gaieté,
Un cœur exempt de soins, ma joie et ma santé ?
Beaux lieux où je suis né, me rendrez-vous la vie ?
Est-il vrai qu’en effet ce ciel de la patrie,
Qui dans leur fleur naissante a vu nos jeunes ans,
Cet air, ces eaux, ces fruits, nos premiers aliments,
Cette nature enfin, étrange sympathie !
Par des liens cachés à la nôtre assortie,
Lorsque d’un mal cruel nous sentons la langueur,