Page:Van Bever - Les Poètes du terroir, t1, Delagrave.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
ANJOU

Au front des arbres agités :
Pendant que des lueurs livides
Tombent du ciel, éclairs rapides
Dans l’eau dormante répétés !

J’aime à sentir, bientôt chassées,
D’errantes et tristes pensées
Sur mon cœur passer en glissant.
Comme de noires hirondelles
Qui frappent du bout de leurs ailes
Les flots paisibles de l’étang.

Là, par des routes inconnues,
Qu’un héron, perdu dans les nues,
Vienne s’oHVir à mes regards :
Si son vol, lent et monotone,
S’égare sous un ciel d’automne.
Parmi la brume et les brouillards ;

Par un temps nébuleux et sombre,
Toujours errant ainsi qu’une ombre,
S’il semble fuir un long ennui ;
Mon œil terne, dans son voyage,
Le suit de nuage en nuage,
Et mon âme vole avec lui :

Mon âme, qui gémit sans cesse
Et qu’une invincible tristesse
Engourdit dans un froid sommeil ;
Mon lune toujours déchirée,
Et qui languit décolorée,
Comme une plante sans soleil.

{Poésies complètes, édit. du Monument.)