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ANJOU

rie Perrin, 2 vol. in-18. C’est dans ce choix, forcément restreint, mais composé avec un tact parfait et éclairé, que nous trouvons les quelques rares poésies qu’il a écrites pour glorifier cette terre d’Anjou dont il fut un des fils dévoués.

À l’encontre de ses compatriotes les plus notoires, Victor Pavie s’est peu éloigné du foyer de ses ancêtres. « Il s’attache, écrit M. René Bazin, aux monuments du vieil Angers et du vieil Anjou, il les décrit, il en ressuscite la gloire, il parcourt nos campagnes de lOuest en artiste et en poète… La nature l’attire et l’émeut, surtout la nature pleinement agreste, les coins de landes ou de forêts qui sont déserts, et les solitudes pour ceux auxquels la destinée interdit les routes lointaines. Aucune nuance ne lui échappe. Il connaît tous les secrets du pintre et du marcheur, les routes et les heures propices. Il sait à quel moment fleurit l’insaisissable liparis dans les héronnières de Chaloché, ou la chlore imperfoliée dans les sables de Fromentine ; il va voir le soleil se coucher derrière la tour de Trêves, le printemps naître dans les luisettes argentées de la Loire, ou l’automne descendre sur les futaies de Serrant. Promenade, chasse, herborisation, pélerinage, tout lui est occasion ou raison d’entreprendre et de recommencer pour son compte, et dans sa région, ce que Nodier n’a fait qu’une fois : le Voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France… »

Victor Pavie mourut à Angers en 1886.

Bibliographie. — René Bazin, Notice biographique ; édit. des Œuvres choisies de V. Pavie ; Paris, Perrin, 1887, I. — Léon Séché, Sainte-Beuve, II, Paris, Mercure de France, 1904, in-8o.



LA VIPERINE[1]

J’ai vu sur les remparts monter la Vipérine.
Triste fleur ! Quand sa tige aux créneaux de la tour
Paraît, l’ombre descend dans mon âme chagrine,
Et déjà de l’hiver je pressens le retour.

Il est loin, car aux cieux le soleil pointe encore,
Et ce printemps, amour de notre œil réjoui,
N’est qu’un pâle rayon, qu’une imparfaite aurore
De l’été qui fermente et tressaille sous lui.

  1. Plante des vieux murs et des décombres (Echium vulgare) ; fleurit aux premiers jours de juin