Page:Van Hasselt - Nouvelles Poésies, 1857.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aux rochers d’Inkermann Balaklava murmure :
« Quel courage fait donc cette invincible armure
« À ces hommes de fer ? »
Et dans son lit troublé la Tchernaïa s’écrie :
« Pour t’abattre, ils ont fait sans doute, ô ma patrie,
« Un pacte avec l’enfer. »

Plus loin Sébastopol répond de sa voix rauque,
En secouant, au bord du flot béant et glauque,
Ses haillons de granit :
« Le gouffre amer de l’onde a pris ma flotte entière,
« Et je suis à la fois cadavre et cimetière,
« L’aigle mort et le nid.

« Où sont mes bastions et mes tours crénelées,
« Mes redoutes le long des rocs amoncelées
« Avec tous mes canons,
« Mes remparts que j’ai vus dans le néant descendre,
« Mes forts multipliés qui ne sont plus que cendre,
« Hélas ! comme leurs noms ?

« Tempêtes de l’Oural, cosaques de l’Ukraine,
« C’est donc en vain que j’ai, dans ma sanglante arène,
« Fait sonner mes beffrois ?