Page:Van Hasselt - Nouvelles Poésies, 1857.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et son vol souverain, vers la nue emporté,
S’empare de l’espace et de l’immensité.

Ainsi toi, jeune aiglon. Voici l’heure venue
D’ouvrir dans l’avenir quelque route inconnue,
Toi dont l’aile puissante a dans l’ombre grandi,
Et qui portes un monde en ton esprit hardi.
Comme l’oiseau royal que la foudre accompagne,
Tu t’es nourri de l’air plus pur de la montagne ;
Et, loin de nos chemins de fange et de brouillard,
Ton pied ferme a gravi les hauts sommets de l’art.

Jeune homme, car le ciel t’a baptisé poëte.
Et l’on écoutera ta voix encor muette
Quand tu feras, traînant la foule sur tes pas,
Chanter tout haut les vers que tu chantes tout bas.
Laisse donc de ton luth, tout vibrant d’harmonies,
Laisse sortir enfin le chœur des symphonies
Comme un essaim d’oiseaux dans leur nid réveillés
Quand l’aube ouvre les cieux de ses splendeurs rayés.

De ton âme profonde et pleine de pensées
Laisse jaillir le flot des strophes cadencées,
Et ta lèvre inspirée épandre ses chansons.