Page:Van Hasselt - Poésies choisies, 1901.djvu/87

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» Au lieu de cette Europe aux rives profanées,
» De ses échos éteints, de ses roses fanées,
» L’Orient ! l’Orient où monte le soleil !
» Qu’un souffle, quel qu’il soit, l’aquilon ou la bris
» Sous mes mâts inclinés, soulève la mer grise. —
» L’Orient !! l’Orient vermeil ! »
 
Déployant ses voiles fleuries,
Il part, le vaisseau de Gama ! —
Voilà les molles Canaries,
Cythères qu’un ange forma ;
Voilà ces îles embaumées,
A l’entour du Cap Vert semées,
Qu’on dirait, dans l’ombre des soirs,
Comme des cygnes, blanches troupes,
Voir nager en mobiles groupes ;
Et la Guinée aux hommes noirs.

Puis Sainte-Hélène au front caché dans une nue,
Où, plus tard, enchaîné sur une roche nue,
Loin d’une épouse veuve et d’un fils orphelin,
Un Soldat, dont les pas firent trembler la terre,
Languit, ayant pour trône un granit solitaire,
Et mourut la mort d’Ugolin.

Plus loin, comme un géant, se dresse
Un rocher sombre sur les flots,
Où jamais un cri d’allégresse
N’accueillit les gais matelots :
Comme un roi superbe, il regarde
I. Océan qui lui sert de garde,
Le ciel noir où la foudre a lui.