Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/134

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Section centrale, qui affirmait expressément la « faculté » pour la Belgique d’annexer l’État Indépendant, et ce n’est que sous le bénéfice de cet amendement que le projet de M. de Smet devint la loi du 10 août 1901, dont l’article unique était ainsi conçu :

Voulant conserver la faculté, qu’elle tient du Roi-Souverain, d’annexer l’État Indépendant du Congo, la Belgique renonce, quant à présent, au remboursement des sommes prêtées au dit État en exécution de la convention du 3 juillet 1890, approuvée par la loi du 4 août suivant, et en vertu de la loi du 29 juin 1895, ainsi qu’à la débition des intérêts sur les mêmes sommes.

Les obligations financières contractées par l’État Indépendant, à raison des actes précités, ne reprendraient leur cours que dans le cas et à partir du moment où la Belgique renoncerait à la faculté d’annexion survisée.

La Belgique conservait donc la « faculté » de reprendre le Congo, et une déclaration formelle du Roi assimilait cette « faculté » au « droit » qui lui avait été reconnu par la convention de 1890.

Mais, désormais, elle n’avait plus aucun pouvoir de contrôle sur les finances de sa future colonie. Toute licence était donnée, quant aux emprunts, à l’État Indépendant du Congo, et lorsqu’au Sénat certains avaient protesté contre cette abdication inouïe du gouvernement belge, M. de Smet de Naeyer leur avait répondu :

Il dépend du Parlement de repousser le projet de loi… mais ce qui ne dépend pas de nous, c’est d’imposer à l’État Indépendant une nouvelle convention. L’État Indépendant n’accepte pas de lisières, il l’a nettement déclaré[1].

Rien n’eût été plus facile, au contraire, que d’imposer au

    par laquelle il se refusait à assurer l’administration du Congo pendant la période de transition qu’eût nécessité la reprise. Lorsque M. Woeste donna inopinément lecture de cette lettre, au cours d’une des séances de la Section centrale, l’impression qu’en ressentit M. Beernaert fut telle que tous ceux qui assistèrent à cette scène en ont conservé un souvenir pénible. Le projet Beernaert fut, d’ailleurs, immédiatement abandonné.

  1. Discours prononcé au Sénat, le 6 août 1901. Documents parlementaires. Sénat, 1900-1901, p. 581.