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colonie en déficit, tandis que la Fondation continuerait à disposer, sans contrôle, de ressources considérables.

Pareille institution était inadmissible. On essaya de le faire comprendre au Souverain. Il ne voulut rien entendre. Il déclara que le Congo était à prendre ou à laisser, mais qu’on ne le reprendrait qu’avec l’engagement de maintenir la Fondation de la Couronne.

Les choses en étaient là, lorsque le chef du cabinet, M. de Trooz, mourut brusquement à la fin de 1907.

Un seul homme, en ce moment, paraissait en mesure de prendre le pouvoir avec chances d’aboutir : c’était M. Schollaert, président de la Chambre. Ses opinions au sujet du Congo étaient connues : il était favorable à l’annexion, hostile au maintien de la Fondation, et, sans doute, il déclara au Roi ne vouloir prendre la direction des affaires qu’à la condition expresse quelle fût dissoute.

Que se passa-t-il alors ?

On le saura, sans doute, quelque jour.

Mais la suite des événements donne à croire que Léopold II fut irréductible, qu’il s’affirma prêt à tout, plutôt qu’à renoncer à ses projets, et que, finalement, il ne consentit à une dissolution de pure forme, qu’avec la promesse que l’on mettrait à sa disposition toutes les sommes dont il avait besoin.

Dès le mois de septembre 1907, en tout cas, il avait commencé à prendre ses précautions : en s’aidant des conseils du Dr Hermann Forkel, avocat et notaire, curateur des fidei commis à la maison ducale de Saxe-Cobourg-Gotha, il avait constitué au berceau de sa famille une fondation nouvelle, un succédané de sa fondation Congolaise, la Fondation de Niederfullbach, où l’on devait retrouver, plus tard, une trentaine de millions, au moins, provenant du Congo.

D’autre part, il avait obtenu de ses ministres qu’on lui payât très cher le renoncement à la Fondation de la Couronne que les Chambres étaient en droit de lui imposer : on s’en aperçut