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sur ce fait essentiel que les 30 millions n’ayant été encaissés par l’État qu’en 1906, n’avaient pu être remis à la Fondation avant cette date, et n’avaient pu être dépensés par elle qu’après cette date. Or, depuis 1906, elle n’avait guère acheté d’immeubles et on ne justifiait point qu’elle eût exécuté des travaux[1].

Peut-être, ces demandes pressantes d’explications, laissées sans réponses satisfaisantes, eussent-elles compromis, sinon la reprise, devenue inévitable, du moins le vote du traité, dans les conditions proposées, si M. Renkin, ministre de la Justice, n’avait pas coupé court au débat, par ces déclarations péremptoires, qui semblaient ne pouvoir venir que d’un homme ayant tout vu et tout contrôlé :

L’argument si bruyamment développé par M. Janson — disait-il à la séance de la Chambre du 5 mai 1908 — ne signifierait rien, s’il ne signifiait que le Souverain avait détourné, à son profit et au préjudice de la colonie, une somme de 30 millions.

Quelles que soient ses intentions, une pareille attaque devait nuire à la royauté. Or, sur quoi se base-t-elle ? Sur de pures suppositions et des confusions évidentes.

Il existait des relations financières entre la Fondation de la Couronne et l’État du Congo, et il y a eu des avances faites, en plusieurs fois, par l’État à la Fondation. Le compte de ces avances a été arrêté en 1906.

J’ai dit qu’il s’agissait d’opérations de trésorerie qui, dans un pays parlementaire, n’auraient pu se faire sans une loi, mais qui n’avaient pas besoin de loi pour se faire dans un pays de régime absolu. Il est inexact que l’avance ait été faite en une fois. Les faits avancés par M. Janson sont inexacts et j’atteste ici, solennellement, que tout ce que j’ai dit est l’expression de la vérité.

Que pouvaient, en présence de ces déclarations, répondre encore M. Janson et ceux qui, comme lui, conservaient des doutes sur cette obscure affaire des 30 millions ?

M. Renkin engageait sa responsabilité de ministre.

Il se portait fort pour le Roi.

Il attestait solennellement que tout s’était passé régulière-

  1. Séance de la Chambre des Représentants du 4 mai 1908.