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ment. Il affirmait, et le gouvernement avec lui, que tout l’actif du Congo, comme de la Fondation, était remis à l’État, à la Belgique, et que, par conséquent, ceux qui accusaient Léopold II d’avoir commis un détournement au préjudice de la colonie, ne basaient cette injustifiable attaque que sur des confusions évidentes et des suppositions contraires à la vérité.

La Chambre le crut. Une minorité seulement, dont nous fûmes, continua à réclamer des comptes. Le traité de reprise fut voté, tel quel, le 20 août 1908, par 83 voix contre 54 et 9 abstentions, et, jusqu’à l’ouverture de la succession du Roi, on ne parla plus guère des 30 millions.

Tout au plus quelques feuilles radicales ou socialistes rappelaient-elles, de temps à autre, cette affirmation d’un journal conservateur d’Anvers, le Handelsblad, que ces millions avaient été donnés par Léopold II à sa maîtresse, la baronne Vaughan[1].


§ 6. — La succession royale.


Le Roi mourut un an après la reprise du Congo, le 17 décembre 1909.

Son testament, publié le soir même, était ainsi conçu :

J’ai hérité de mes parents 15 millions. Ces 15 millions, à travers bien des vicissitudes, je les ai toujours religieusement conservés. Je ne possède rien d’autre.

Après ma mort, ces 15 millions deviennent la propriété de mes héritiers et ils leur seront remis par mes exécuteurs testamentaires, afin que mes héritiers se les partagent.

Je veux mourir dans la religion catholique, qui est la mienne. Je veux être enterré de grand matin, sans aucune pompe. À part mon neveu Albert et ma maison, je défends que l’on suive ma dépouille.

Il ne fut tenu aucun compte de ces suprêmes volontés.

Le Roi avait demandé à être enterré de grand matin : on

  1. Il paraît d’ailleurs probable que les libéralités considérables faites par le Roi à Mme Blanche Delacroix, dite baronne Vaughan, n’ont pas été faites avec les deniers provenant de la Fondation de la Couronne.